Caroline LHOMME alias Mad'moiselle Trotte-menu nous fait par de ces mésaventures. Fou rire assuré.
Et si voulez aller plus loin allez vite acheter les chroniques d'un demi monde
Bonnes gens !
J'étais bien tranquille en train de feuilleter Elle, mon journal préféré, lorsque, entre fanfreluches et colifichets, j'aperçois soudain l'annonce d'un forum sur les élections : les lectrices qui poseront les questions les plus chouettes seront invitées à le faire en vrai, à Science po, aux candidats. Ni une ni deux, je me précipite sur elle.fr et je pose la question suivante : "quelles mesures comptez-vous prendre en faveur des personnes handicapées ?" (Car, sachez-le, je l'ai appris à Vivre FM, on ne dit pas "handicapés", mais plutôt "personnes handicapées", ou mieux "personnes en situation de handicap". J'appelle ça de la langue de bois. Je dis "putain de pattes folles", "handicapés" tout court ou n'importe quoi, mais pas ça...) Eh bien, le lendemain, je reçois un mail qui m'annonce que j'ai été sélectionnée et que je suis donc invitée deux fois : D’abord à la rédaction de Elle pour boire un canon et préparer l'affaire et ensuite à Science Po pour poser ma question (et boire un autre canon !)... Paniquée, j'écris à ma copine Ludmilla, qui a fait Sciences Po pour lui demander où est la cafète, car je suis convoquée à 8h30 autrement dit à l'horreur du matin…
La rédaction de Elle, c'était hier soir, j'y suis allé en taxi de la PAM et suis arrivée avec plus d'une heure d'avance et pas moyen de trouver un bistrot. Quand je pense que je rêvais de bosser là-bas ! Ça fait réfléchir. Dans la salle d'attente, j'ai discuté avec une Marie Chantal du 16ème, sympa comme tout : elle, comme moi a une dent contre Delanoë qui a foutu le souk dans son quartier. J'imaginais les lectrices de Elle plutôt pimpantes et délurées, ben non. Là-dessus, on a pu entrer dans l'auditorium, qui n'avait d'auditorium que le nom. En fait, c'était une grande salle de resto, avec au bout, un plantureux buffet. Je me suis jetée sur le champ et les petits fours, et j'ai écouté très sagement Valérie T., la directrice de la rédaction. Sur ces entrefaites, on a toutes été dirigées vers le hall pour une photo souvenir. Yannick, le photographe, légèrement affolé par cette féminine horde, s'est toutefois bien débrouillé, replaçant une fille par ci par là, si bien qu'on a vite pu retourner au buffet. Chic ! Valérie nous a bien recommandé de ne pas trop huer Jean-Marie Le Pen, de moucher notre nez et dire bonjour aux dames (z’avez remarqué ? Y’en a plein qui se présentent !)... C'était fini.
En sortant, la directrice de la com’ m'a présenté à Isabelle Maury, la Rédac-chef, à qui j'ai prévendu un sujet sur une association dont je vais m'occuper comme attachée de presse et dont Yannick Noah est le parrain. La dircom, hyper sympa, m'a offert un taxi pour que je rentre chez moi et on s'est quitté en se faisant plein de belles promesses.
Le grand forum, c'était aujourd'hui, à 8h30. Hier, une fille de la rédac de Elle m'a appelée en me disant que je devais venir le matin pour interroger Ségo. Mon PAM-taxi était là à 8h10, un grand black super stylé, ainsi j'ai pu faire une arrivée remarquée devant Sciences Po. À 8h30, Ségo était sans doute encore au plumard, et du coup, c'est Sarko qui a ouvert le bal. Dans la salle, des petits étudiants ont poussé des hurlements d'enthousiasme à son arrivée.
On pense ce qu'on veut de Sarko, mais comme petit brun, il est plutôt affriolant !
Laurence Ferrari, qui présidait le débat, a cru utile de préciser : "Évidemment, il vous faut un micro", ce qui a fait se gondoler toute la salle. On a évoqué des tas de sujets, des gardes d'enfants à l'immigration et Sarko a répondu toujours dans la droite ligne de ses idées. Il est très chagriné par les gosses qui ne font pas leurs devoirs, vu que les siens les font. Où irait-on si les petits Sarkozynets ne faisaient pas leurs devoirs ? Je vous le demande ! "Si je suis Président..." a-t-il imaginé avec les yeux brillants. Il était déchaîné. Plus moyen de l'arrêter, alors que Ségo, derrière la porte, piaffait et se préparait à entrer en piste. Bizarrement, les mêmes petits étudiants qui avaient acclamé Sarko l'ont acclamée aussi. J'ai alors imaginé une question : "À quand le retour du châtiment corporel pour les étudiants insupportables ?" Nostalgique, Ségo, tout de rose vêtue, nous a évoqué ses folles années d'étudiante en ce lieu, puis on a embrayé sur les questions. Il n'y en a quasi eu que pour les enseignantes. Ségo n'est pas contente de la France : on est au 89ème rang pour le nombre de femmes à l'assemblée. On s'est toutes senties nulles, sur le coup, mais déjà, Ségo a dû laisser sa place à François Bayrou. Il nous a fait poiler, car il nous a affirmé qu'il avait consulté un gynécologue. Je n’arrive toujours pas à m'en remettre ! Bayrou, ça n'a pas été pour longtemps, car on commençait à entendre les ventres gargouiller, et Laurence Ferrari nous a appelé à rejoindre le jardin où nous attendait un gigantesque buffet, avec force champ. J'ai dû batailler ferme pour ne pas finir piétinée, mais j'ai pu rafler quelques sandwiches et coupettes. Olivier Besancenot en a profité pour rejoindre l'arène. Je l'ai trouvé très bien ce gars-là : même pas eu besoin de lui poser ma question qu'il nous annonçait déjà la multiplication par deux de ma pension d'invalidité et un tas de mesures pour favoriser mon embauche. Si ma pension est énorme, aurai-je besoin de travailler ? Il était bien sympa, Olivier, mais il fallait laisser sa place à Marie-Georges Buffet : ladies first ! Je l'ai trouvé sympa elle aussi, Marie George, mais j'avais toujours pas posé ma question, et je sombrais dans un assoupissement post prandial, lorsqu’une jeune femme est venue me trouver pour me demander si je voulais bien interroger Jean-Marie Le Pen. "Même pas peur, j'ai dit, c'est lui qui devrait être épouvanté !"... Comme si on n’avait pas assez vu de filles comme ça, v’la que Dominique Voynet s’est pointée. D’abord interrogé sur une question d’environnement par Laurence Ferrari, et elle s’est fâchée tout rouge, disant que c’était un peu facile (et pourquoi ne pas poser cette question à Sarko ?). Là-dessus, un candidat pas prévu au programme a fait une entrée remarquée : l’inénarrable José Bové. On a causé, devinez un peu, de très méchants OGM.
On a annoncé alors l’arrivée de Le Pen… Jean-Marie, à peine arrivé, s'est tellement fait huer (pov’tit lapin, il m'a fait de la peine !) qu'il n'a pas fait long feu après quelques sorties bien dans son style et quelques réponses à peu près sensées tout de même. Et puis, épouvanté à l’idée d’être interrogé par la dangereuse Caro, il a fui sans demander son reste !
Vu que l'ambiance semblait tourner à l'émeute, j'ai filé, non sans empocher le seublime pull en cachemire offert par mon journal pour l'occasion. Mon taxi a été drôlement épaté par mon aventure. Je rentre à l'instant.
Bon. J'ai pas posé ma question, mais les candidats y ont quand même répondu, dans le tit livret édité pour l'occasion, et puis ils ont tous (plus ou moins) évoqué le handicap. J'aurai ma bobine dans Elle le 16 avril (achetez Elle !!). J'ai bien mangé, j'ai bien bu. J'ai fait connaissance de la Rédac-chef (hourrah !)
Mad'moiselle Trotte-menu
Bonnes gens ! mon médecin de Granville, le docteur Le Doze (Sabine) a beau être une dame comme le docteur Petit, elle est absolument fantastique… Pourquoi ? Parce qu'elle n'en fait qu'à ma tête… J'avais demandé à conduire une somptueuse limousine pour voir si je savais encore, elle a organisé ça aux petits oignons avec Céline, mon ergo, qui, bien qu'ergo femelle est quand même archi sympa et compétente… Rendez-vous était pris ce matin à 11 heures, pile après une matinée bien chargée… Levée dès potron-minet, j'étais convoquée à 8 heures (horreur !) pour essayer le lokomat, étrange machine à marcher qui rend mes kinés parisiens fous de curiosité et d'envie (ils peuvent : le lokomat n'existe qu'au Normandy et doit coûter plus de 200 000 euros !) … Et en effet, une fois harnachée et ficelée dans cette machine, j'ai marché comme tout le monde, c’est-à-dire en posant le talon avant la pointe (mais il me faut tout de même avouer que c'est la machine qui faisait tout à ma place, ce qui est presque vexant). Il parait qu'au bout d'une semaine de traitement, je marcherai bien plus droit et François, mon kiné, sera réduit à la misère la plus noire… Pour consoler François, il peut un jour s'inviter à Chimères, un symposium qui a lieu ici et où on découvre des tas de fantastiques machines…
Après cette épreuve quelque peu fatigante (ma kiné Anne Charlotte avait serré mes liens un peu fort à mon goût !), j'ai embrayé sur mes activités normales, isocynétisme et bicyclette neuro (machines qui ont pour but de me sculpter les fesses de Halle Berry), puis je devais aller voir le docteur Le Doze (ici, ce n'est pas le médecin qui vient dans votre chambre mais vous qui allez voir le médecin, c'est rigolo…), puis embrayer à 11 heures sur mon rêve : piloter une voiture…
À 11 heures, j'ai retrouvé Céline et la Limousine n'a pas tardé, pilotée par une dame très sympa, Fabienne… On n'a pas tardé à démarrer car Fabienne voyait que je piaffais… J'ai su trop bien démarrer la voiture (automatique, of course), mettre clignotant, freiner, tourner (grâce à un volant spécial hémiplégique dont j'ignore combien il coûte - mais je crois qu'il vaut mieux l'ignorer !), des commandes diverses situées sur le volant… Fabienne a trouvé que tout ça était pas mal et, bizarrement pour un moniteur d'auto-école, insistait plus pour que j'accélère que pour que je freine (et également, j'avoue pour que je tienne le volant !)… On a fait un grand tour de parade dans Granville avant de rentrer pile pour déjeuner…
À la piscine juste après, je ne vous raconte pas comment j'ai crâné ! Toutefois, Céline a trouvé que mon handicap visuel (pas de champ visuel gauche) reste encore trop important pour me lâcher seule sur les routes… Vous êtes donc sauvés, pour l'instant ! Demain, je dois me livrer à une grande démonstration de nage devant mes thérapeutes et mon médecin ébahis ! À Granville il se passe tous les jours un truc excitant !
Mad'moiselle Trotte-menu
Publié le 27 octobre 2006