Après avoir présidé l’AJNA en 2016, Olivier Morice est désormais délégué général. Ancien des Classes préparatoires et diplômé de Sciences Po, Olivier Morice s’investit au départ dans des projets pédagogiques et culturels à l’international, avant de rejoindre la cause des aidants. Olivier Morice a travaillé pour l’association Avec nos Proches depuis sa création en octobre 2012 jusqu’à fin 2016, comme Chef de Projet puis Responsable des Partenariats.
1/ Qu’est-ce que le Collectif Je t’Aide ?
Je t’Aide est un collectif qui rassemble 28 structures, associatives ou actrices de l'Économie Sociale et Solidaire, qui mettent en place des actions pour accompagner les aidant.e.s dans leur quotidien. Le Collectif a pour mission de porter la voix des aidant.e.s. Pour cela, il réalise des actions politiques, médiatiques et des mobilisations citoyennes qui lui permettent de créer et de maintenir un contact avec les aidant.e.s. Je t’aide est à l'initiative de la Journée Nationale des aidant.e.s, qui est organisée chaque 6 octobre par plus de 200 organisateurs en France. Lorsque l’on est aidant.e, chaque situation est singulière, c’est pourquoi on retrouve une grande diversité des structures au sein du Collectif. Par exemple, l’association JADE, Jeunes Aidants Ensemble en Ile de France propose un accompagnement et des ateliers de répit aux jeunes aidant.e.s de France, tandis qu’Handissimo accompagne les aidant.e.s de proches en situation de handicap autant dans les démarches administratives, scolaires, médicales et de répit.
2/ Quelles difficultés avez-vous rencontré avec l’irruption du COVID-19 ?
La crise du COVID-19 a plongé la France entière dans un cadre de confinement. Or, pour la majorité des aidant.e.s , cela représentait déjà leur quotidien à cause du poids de l’aide apportée. La première difficulté que nous avons rencontrée concerne directement les aidant.e.s. Nous avons reçu de nombreux témoignages, dont celui d’une femme ayant répondu à l’appel de l’hôpital qui lui demandait de venir chercher son père, diabétique, amputé des deux jambes et sous dialyse. Celle-ci s’est soudainement retrouvée en charge de son proche fragilisé, dont la rééducation n’était pas terminée. Comme elle, de nombreux aidant.e.s ont vu leur quotidien basculer, tant s’occuper d’un.e proche suivi.e par des professionnel.le.s de Santé est une charge lourde. Peu ou pas formé.e.s , choqué.e.s par le malaise de certaines tâches comme la toilette de son propre parent, ou épuisé.e.s tant leur quotidien était chargé, les aidant.e.s ont été les grands oubliés de cette crise sanitaire. Pendant cette crise, 20 % des aidant.e.s ont même été considérés à risque de burn-out, certain.e.s ayant atteint cet état en seulement quelques jours de confinement, leur situation étant chaotique et se sentant totalement démuni.e.s La seconde difficulté rencontrée est celle de l’oubli des aidant.e.s dans cette période où les soignants et le COVID-19 ont été au coeur de l’actualité. Depuis 3 ans, la part de la population connaissant le terme “d’aidant.e” est passée de 25% à 50%. Les demandes des aidants commencent à se faire entendre puisqu’un Plan aidant.e a vu le jour en octobre dernier. La crise du COVID-19, brise un élan dans la question de la reconnaissance des aidants. A ce jour, les aidant.e.s ont été massivement sollicité.e.s , et la thématique du plaidoyer qui sortira fin mai, est d’autant plus d’actualité. Les aidant.e.s réclament des solutions de répit adaptées, pour les soulager et leur apporter un temps de repos autant physique que psychologique, indispensable après l’épisode chaotique qu’ils.elles viennent de traverser.
3/ Quelles solutions envisagez-vous ?
Le Collectif Je t’Aide, donne chaque année la parole aux aidant.e.s afin qu’ils.elles choisissent la problématique qui, pour eux.elles, est un besoin, une urgence. En 2018, ils avaient choisi la santé, car l’aide mène rapidement au burn-out. En 2019 la précarité avait été plébiscitée, car aider représente un coût non négligeable. Cette année, le répit sera la thématique, car 11 millions d’aidant.e.s ont besoin d’un temps pour souffler, pour se retrouver, et pour prendre soin d’eux.elles. Nous continuons, et continuerons à porter leurs voix, et leurs demandes jusqu’au gouvernement pour que les aidant.e.s soient entendu.e.s. Cependant, pour que les choses avancent, maintenant, et après la crise, il faudrait que le gouvernement comprenne que ce n’est pas l’ignorance des demandes des aidant.e.s qui contribue à l’Economie du pays, mais bien la réponse et la considération de cette cause. Car accompagner un.e aidant.e , lui proposer des solutions de répit adaptées, vaut mieux que d’hospitaliser le tandem aidant.e-aidé.e, et par conséquent surcharger les hôpitaux qui sont déjà touchés par le COVID-19 et ses effets.
Interview caroline LHOMME
Mai 2020