Les articles de Caroline LHOMME

Nicolas Peduzzi est réalisateur de documentaires. Depuis toujours, il s’intéresse à la santé mentale. Lors de l’hospitalisation de son père à l’hôpital Beaujon de Clichy, sa route a croisé celle de Jamal, psychiatre dans ce même hôpital. Ses patients sont atteints de troubles mentaux ou en grande fragilité médicale ou sociale. De cette rencontre est née l’idée de tourner dans son service, avec ce médecin en exercice, et ses patients. "État limite" est un réquisitoire sur la situation de la médecine psychiatrique aujourd’hui en France .

1/ Comment avez-vous débuté votre carrière dans le cinéma ?

J'ai d'abord commencé au théâtre et j'ai étudié avec Susan Batson à New York. Ensuite, j'ai amorcé mon parcours dans le cinéma à travers une rencontre décisive avec une personne qui est devenue le personnage principal de mon premier film, "Southern Belle". Taelor et sa famille m'ont donné envie de passer au documentaire pour faire ressortir l'aspect surréaliste du réel ! Mon inspiration a aussi été nourrie par l'environnement de la ville de Houston, notamment par ses influences hip-hop, le mouvement screw, ainsi que par les artistes marginaux qui évoluent dans cette métropole contemporaine. Le climat particulier de la ville et sa géographie, située sur la ligne des ouragans, ont également joué un rôle important dans ma motivation. Avant cela, j'avais réalisé des courts métrages de manière très amateur avec des amis.

2/ "Quelle a été l'origine de votre décision de tourner dans un hôpital ?"

La psychiatrie a toujours été une thématique qui m'a intrigué et qui a suscité en moi des questionnements. Depuis l'enfance, la question de la santé mentale me tourmente. Et j'ai fréquenté pendant de longs mois cet énorme hôpital qu'est Beaujon lorsque mon père y a subi une transplantation du foie. 20 ans après, j'ai eu envie d'y retourner mais du côté des soignants cette fois. Quand j'ai rencontré Jamal aux urgences, j'ai resserré mon intérêt sur le seul psychiatre senior à plein temps à l'époque d'un hôpital public. À travers lui et sa solitude,je pouvais déjà dire beaucoup sur notre système et le mal-être des soignants. J'ai vraiment eu un flash pour sa façon de gérer les situations, les institutions, la police et parler avec ses collègues soignants. J'avais l'impression d'avoir rencontré Don Quichotte, et sa bataille avec le temps !

3/ "Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors du tournage ?"

Le tournage a présenté son lot de défis, notamment des limitations quant aux services que nous pouvions filmer. Malgré ces obstacles, nous avons été chaleureusement accueillis dans l'environnement hospitalier par tous les échelons de la hiérarchie. Et nous avons tissé entre les patients ou soignants qui ne voulaient pas être filmés et ceux qui, au contraire, avaient un grand besoin de se confier.

4/ Quels sont vos projets futurs ?

Mon prochain projet cinématographique se concentrera sur le récit de ma grand-mère, une femme issue de la vague de l'immigration italienne qui a fait 12 années de prison ! Ce projet représente pour moi une opportunité de me plonger dans mon histoire familiale, particulièrement celle de mon père qui a grandi sans cette mère, et d'explorer la notion de traumatisme transgénérationnel.

 Le film

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