Christian Grapin, président de l'association Tremplin Handicap, qui, avec le concours des entreprises, accompagne et sécurise le parcours académique de jeunes en situation de handicap. L’association a lancé il y a peu une grande enquête sur enquête avec l’IFOP sur RSE, handicap, formation & emploi
1/ Pourquoi avoir lancé une enquête sur le vécu des jeunes en situation de handicap par rapport au travail ?
Depuis 30 ans l’association accompagne des collégiens, lycéens, étudiants et jeunes diplômés en situation de handicap. Depuis 30 ans nous constatons l’impact du handicap sur les choix d’orientation scolaire, l’élaboration des projets professionnels et l’accès l’emploi. Pour ce 30e anniversaire, nous avons voulu objectiver cet impact en questionnant les premiers concernés : à savoir les jeunes en situation de handicap. Quel était leur vécu, leur ressenti non seulement par rapport au travail, mais aussi, en amont par rapport à leurs parcours scolaires, leurs choix d’orientation académiques et professionnels. Pour différencier de ce qui résultait de leur situation de handicap où de leur âge, nous avons inscrit cette étude dans une logique d’enquête miroir pour comparer le vécu des jeunes en situation de handicap avec celui de l’ensemble de la population française âgée de 15 à 30 ans. Ce sont ces angles qui ont fait de cette étude, une étude inédite, la première de son genre.
En nous appuyant sur l’IFOP nous avons fait appel à une méthodologie d’enquête reconnue et à un acteur connu pour sa connaissance du champ du handicap.
2/ Quelles grandes tendances se dégagent de cette enquête ?
Tout d’abord, cette enquête révèle les inégalités qui existent du fait du handicap entres les jeunes qui en sont touchés et ceux de la même classe d’âge. Ils sont davantage confrontés à des difficultés dans leur parcours d’étude, leurs démarches administratives, leurs relations amoureuses.
Dans le cadre de leur orientation scolaire, ils sont beaucoup plus inquiets (50% contre 33%), sont plus soucieux de la localisation géographique de leurs études, et nous confirment que le critère de trouver une formation, un établissement adaptés à leur handicap est primordial (54%).
Dans leur choix rentre également en compte la confiance qu’ils ont dans la réussite de leurs études : 34% en doute contre 18% pour les jeunes de leur âge.
Quant à l’accès à l’emploi, la peur de ne pas réussir à trouver un emploi est la 2e crainte la plus citée (36%). Surtout, les craintes relatives à l’insertion professionnelle sont plus prégnantes qu’au sein de l’ensemble de la population étudiante (23%).
Des différences importantes apparaissent pour la recherches de stage où les jeunes en situation de handicap sont davantage confrontés à des difficultés (62% contre 46% dans l’échantillon témoin). Les recherches d’emploi s’avèrent encore plus ardues et l’écart encore plus grand pour les jeunes concernés : 74% estiment qu’elles ont été difficiles contre 49% dans l’échantillon témoin. Quant aux recherches d’alternance, ce sont celles qui sont jugées le plus difficiles (77%) contre 63% dans la même classe d’âge. Les mesures incitatives de l’état et de l’Agefiph, ne porteraient-elles pas leurs fruits ?
3/ En quoi ses résultats pourront-ils aider à améliorer leur situation ?
Les résultats de cette étude montrent l’ampleur des progrès qui restent encore à accomplir pour garantir une bonne intégration des jeunes en situation de handicap tant dans leurs études que dans l’emploi. L’incompatibilité des conditions d’études avec le handicap constitue la 2e cause de réorientation pour les jeunes concernés. Quant à l’insertion professionnelle 87% des jeunes handicapés considèrent que leur handicap est leur principal obstacle. Ses résultats concrets permettent d’objectiver les inégalités qui existent dans le cadre de l’orientation scolaire et de l’accès à l’emploi entre jeunes en situation de handicap et ceux qui ne le sont pas.
Il faut non seulement leur (re)donner confiance en eux, mais leur démontrer que ça ne sera pas en vain.
Pour cela, plusieurs pistes d’amélioration existent, entre autres :
Caroline lhomme
photos sont toutes au crédit de Cédric HELSLY,