Sonia Derory, c’est 1.23 d’énergie brute. De rire, aussi. Elle se décrit ainsi, avec un sourire malicieux : Je mesure 1,23 m et je suis atteinte de nanisme achondroplase (les membrecourts) : « Mimie Matty, avec un teint plus hâlé et 9 cm en moins. » Elle a vécu son enfance en Rhône-Alpes. Sa famille est son pilier fondateur. La jeune femme a eu, dès l’âge adulte, besoin de partir, pour s’émanciper, et vivre ses propres expériences. La vie Sonia s’annonçait pleine d’obstacles. A sa naissance, les médecins doutaient de sa capacité future à marcher. Alors, chaque pas supplémentaire a été une victoire de plus : marcher, courir, faire du vélo, du roller… jusqu’à devenir comédienne et réalisatrice d’un film qui traite de son adoption. Rencontre:
1. Comment avez-vous eu l’envie de réaliser ce film ?
Ce n’est pas l’envie qui est importante mais la nécessité viscérale de communiquer, de créer, de partager autour de ce sujet et d’offrir une focale unique : ma personnalité, ma différence. Témoigner sur l’adoption, la quête des origines… afin que chaque histoire compte, cela me tient à cœur depuis longtemps ! Je l'ai fait pendant quelques temps à l'association la Voix des Adoptés. Par l’écrit, j’ai toujours un manuscrit, un indigeste pavé qui dort dans mes archives… Par le langage universel du cinéma, c’est au fil des rencontres dans le domaine du spectacle que je me suis rendue compte que je pouvais concrétiser ce projet. L’organisation de la production de ma fiction d’origine Rencontre(s) qui intègre une partie sur la quête des origines était déjà enclenchée quand la thématique du Nikon Festival a été annoncée. La partie sur l’histoire de la rencontre entre mon personnage de fiction et sa mère biologique se prêtait alors à « Génération ». Je ressentais une frustration : celle de peu voir cette voix-là dans les films qui traitent de l’adoption, celle de la mère de naissance. L’adoption est un sujet complexe qui implique plusieurs parties : les adoptants, l’adopté et les parents biologiques. Ma vision et mon témoignage sont une vision personnelle et subjective sans accusation, sans fuite et sans concession. Parfois, mon film touche juste ou choque parce que j’ai affronté le sujet en face sans édulcorer ou magnifier le sujet. Je suis partie d’une vérité intime que j’ai mise en fiction et j’espère l'avoir réalisée de la manière la plus efficace et la plus digne possible.
2. Avez-vous vous-même rencontré votre mère biologique ?
Oui, j’ai rencontré ma mère biologique il y a une dizaine d’années. Cependant, mon film n’est pas un documentaire. Ce court-métrage synthétise des retrouvailles qui se sont dans la réalité déroulées sur plusieurs mois. C’est une œuvre inspirée de faits réels avec une distance critique et affective. Le but est de rendre universelle une approche de l’adoption et surtout le rapport mère et enfant biologiques. J’ai fait ce film pour me dépasser.
3. Envisagez-vous vous-même d’être mère un jour ?
Physiologiquement je peux avoir des enfants et peut-être en aurai-je un jour. Pour l’instant, ce film est aussi une manière d’enfanter dans l’art. https://www.festivalnikon.fr/video/2019/63
Caroline LHOMME 01/02/2020