Gniep Smoeun, Marraine de la campagne #school4all et une des premières enfants bénéficiaires de l’ONG
1/ Comment avez-vous découvert Handicap International ?
J’ai été victime d’une mine antipersonnel à l’âge de 10 ans, à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande. Dans un premier temps, la rencontre avec l’association s’est faite de manière indirecte puisque ma mère, en situation de handicap, se trouvait dans un centre de santé non loin de l’atelier de Handicap International. C’est donc 1 an après mes opérations, où j’ai été amputé de la jambe, que l’association a proposée de m’appareiller.
2/Comment avez-vous réussi à devenir infirmière malgré votre handicap ?
Mon grand-père était médecin et, de par mon vécu, j’ai été en contact permanent avec des soignants tout au long de mon enfance. Mon parcours a fait naitre chez moi une vocation, avec l’envie d’aider les autres à mon tour. J’aspirais donc à exercer le métier d’infirmière. Mais devenir infirmière a été un parcours du combattant. Quand je me suis présentée à la COTOREP (maintenant MDPH) pour leur faire part de mon projet, j’ai reçu un accueil timide. Etant amputée d’une jambe, je ne rentrais pas dans les cases pour faire ce métier. Par la suite, et après avoir réussi le concours, ce n’était pas gagné non plus car je me suis battue pour intégrer une école. Une fois diplômée, j’ai dû convaincre les employeurs que je pouvais effectuer ce métier, au même titre que n’importe quelle autre infirmière. A ce jour, je travaille au contact d’enfants et d’adolescents et parallèlement à mon métier j’effectue des conférences afin d’apporter un éclairage sur mon expérience.
3/ Comment assumez vous aujourd’hui votre rôle de marraine de l’association ?
C’est un honneur pour moi d’être marraine de Handicap International car l’éducation est une notion primordiale. Je suis issue de la classe populaire et à cause de la guerre au Cambodge, je n’ai pu être scolarisée qu’à mon arrivée en France, à l’âge de 13 ans. J’ai ainsi appris à lire et à écrire à cet âge-là. L’école est une ouverture vers le monde, pour tous les enfants car la prise en main de notre destin commence par l’éducation. Elle permet ainsi aux enfants en situation de handicap d’acquérir de l’autonomie, par le biais de l’instruction et ainsi d’exercer un métier en lien avec leurs aspirations et leurs envies. En France, l’éducation est un droit mais c’est bien plus compliqué dans d’autres pays, comme au Cambodge. Pour les familles, un enfant qui se rend à l’école c’est un enfant de moins dans les champs. Les coûts de scolarisation sont parfois trop onéreux pour de nombreuses familles. Il faut donc sensibiliser les populations à l’éducation mais aussi donner les moyens de se battre aux enfants qui ne peuvent pas s’exprimer. Beaucoup de pays se heurtent à de nombreuses problématiques et malheureusement celle de l’éducation est souvent occultée au profit d’une autre.