Victime d’un accident à l'âge de 15 ans qui l'a laissée paraplégique, Charlotte Fairbank a épousé une carrière dans le tennis. Aujourd'hui, à 30 ans, elle est devenue ambassadrice de la flotte de taxis G7 dédiée aux PMR.
Rencontre avec cette athlète pleine d’énergie :
1/ Comment avez-vous découvert le tennis fauteuil ?
Ma vie a basculé en 2007 lorsqu’à l’âge de quinze ans, un ballot de foin de 750kg m’est tombé dessus en jouant avec des amis. Sportive avant mon accident qui m’a rendu paraplégique, j’ai beaucoup cherché le sport qui me conviendrait. Au tout début, pratiquer un sport en fauteuil n’était pas concevable. Il m’a fallu d’abord faire un long travail d’acceptation de mon handicap. Le sport et la maturité m’ont permis de passer ce cap. Mon choix de sport s’est concentré entre le basket et le tennis.
C’est ainsi que seulement 7 ans après mon accident, j’ai commencé à pratiquer le tennis-fauteuil. Le handisport en fauteuil roulant a largement contribué à m’aider à accepter ma nouvelle vie et à rencontrer d’autres personnes en situation de handicap.
2/ A quel moment avez-vous pris la décision d’en faire votre métier ?
Tout a véritablement commencé fin 2016. J'ai mis de côté mes études pour voyager, faire du bénévolat et apprendre de nouvelles langues. J’ai donc décidé de partir en Argentine. Une fois sur place, j’ai rejoint un club où s'entraînait l'équipe nationale de paratennis(1). J'ai commencé à suivre des cours de tennis fauteuil et à jouer aux côtés des sportifs. J'y ai rapidement pris goût, m’entraînant de manière intensive. Très vite, on m’a proposé de rejoindre l’équipe nationale de paratennis argentine. En mars 2017, je participe à mon premier tournoi international. C’est à cette occasion que j’ai pris la décision d’arrêter le droit. Un an plus tard, j'intégrai l'équipe de France de paratennis.
En 2018, après seulement un an et demi sur le circuit international, je décroche la place de n°3 française et 34ème joueuse mondiale. J’ai réussi depuis à progresser dans le classement pour atteindre, en février 2023,le rang de 25ème mondiale et 3ème joueuse française.
3/ Pourquoi un partenariat avec G7 ?
L’offre de transports en commun à Paris est aujourd’hui peu adaptée aux personnes à mobilité réduite par rapport aux autres grandes capitales européennes. C’est pour cette raison que j’ai décidé de m’associer à G7 en tant qu’Ambassadrice G7 Access, le service de transport de G7 dédié aux personnes à mobilité réduite. Lancé en 2004, ce service est composé de plus de 200 véhicules équipés de rampes d’accès pour les personnes non transférables. 2 000 véhicules breaks avec un plancher bas complètent ce dispositif pour les personnes à mobilité réduite transférables ou ne nécessitant pas de rampe d’accès.
En tant qu’Ambassadrice G7 Access, je travaille, par exemple, avec G7,au travers de recommandations, à diminuer les temps d’attente et de prise en charge des passagers handicapés. Je souhaite vraiment qu’un maximum de chauffeurs s’engage dans la flotte PMR de G7, qu’on leur facilite la vie et qu’ils puissent ainsi faciliter le quotidien des personnes en situation de handicap.
Un chauffeur qui sait manipuler un fauteuil, enlever ses roues quand c’est possible, ou simplement être à l’aise avec un passager en situation de handicap rend les trajets beaucoup plus agréables.
Il est nécessaire de former les chauffeurs pour adopter ces bons gestes, surtout à l’échéance des Jeux 2024 où des milliers d’athlètes sont attendus dans la capitale. J’ai ainsi proposé à G7 de former l’ensemble de ses 9.600 chauffeurs affiliés: une formation généraliste pour tous et un niveau plus abouti pour les 2 000 chauffeurs équipés de véhicules breaks avec un plancher bas. Les chauffeurs exploitant un véhicule équipé d’une rampe d’accès bénéficient d’une formation spécifique de trois jours, animée par G7 Academy, l’école supérieure du taxi, en partenariat avec l’hôpital de Garches. Les chauffeurs équipés de véhicules breaks avec un plancher bas vont recevoirune formation pédagogique dédiée pour les aider à adopter les bons gestes pour accueillir à bord de leur véhicule une personne à mobilité réduite transférable. En effet, je peux moi-même, pour me déplacer, commander un véhicule exclusivement équipé d’une rampe d’accès ou de type break avec un plancher bas.
Enfin, j’aimerais aider G7 à encourager la voie PMR dans la formation initiale des chauffeurs et à l’examen d’accès à la profession de taxi. Les défis sont donc nombreux à relever mais passionnants pour faire de Paris, avec G7, la ville de l’accessibilité d’ici les Jeux 2024 !
Interview recueillie par Caroline Lhomme Journaliste rédactrice d'HANDITEC
(1)Intégré depuis 2017 à la FFT, le paratennis rassemble le tennis fauteuil et le tennis pour sourds et malentendants autour d'une même passion et promeut un tennis ouvert et inclusif. Il s'adresse d'une part aux personnes atteintes d'une perte fonctionnelle ne permettant pas une pratique debout, et d'autre part à toute personne déficiente auditive. Le paratennis organise la pratique du tennis en l'adaptant aux contraintes du handicap, dans le respect des valeurs du tennis.