Dans notre société, les maladies mentales comme la dépression, la bipolarité ou la schizophrénie souffrent d’une image biaisée… La discrimination systémique dont les personnes souffrant de troubles mentaux font l’objet se nomme psychophobie… Pourtant un dépressif, un bipolaire ou un schizophrène n’est pas un danger pour la société… Un sujet encore tabou qui agite les plus hautes sphères de l’Etat… Qu’est ce la psychophobie et comment lutter contre cette phobie infondée ? On va tout vous expliquer.
Des décrets qui ne passent pas du tout !
Avant d’entrer dans le vif du sujet sachez que la psychophobie existe apparemment dans les plus hautes sphères de l’Etat ! Début décembre, trois décrets listent les informations personnelles à des fins sécuritaires.
Parmi les facteurs de dangerosité, on peut trouver les antécédents judiciaires, l’appartenance à des groupes terroristes ou les données relatives aux troubles psychologiques ou psychiatriques. La stigmatisation des personnes atteintes de troubles psychiatriques est juste invraisemblable. Certes, certains troubles psychologiques ou psychiatriques peuvent représenter un danger, mais comment peut-on mettre tous les malades dans « le même sac » …
Retrouvez l’interview d’Aude Caria, directrice de Psycom, un organisme public luttant contre cette stigmatisation. Une interview accordée au site Faire-Face.fr qui explique pourquoi la psychophobie ne devrait pas être de mise.
Enfin dans une lettre ouverte au gouvernement, plusieurs associations s’indignent sur la teneur de ces décrets qui finalement expliquent que les troubles psychologiques ou psychiatriques sont des dangers pour la société… Au même titre qu’un terroriste ! N’y-a-t-il pas un gros problème ?
Qu’est-ce que la psychophobie ?
La psychophobie peut se définir comme une oppression subie par les personnes neuro-atypiques, c’est-à-dire souffrant de troubles mentaux et/ou perçus comme tels par autrui.
Les troubles mentaux sont nombreux et tous très différents pourtant ils sont souvent réduits à un seul sentiment : celui d’être dangereux ! Parmi les troubles mentaux on peut citer l’autisme, la dépression chronique, la bipolarité, la démence, les troubles dys, la schizophrénie… La liste n’est évidemment pas exhaustive.
La discrimination envers les personnes atteintes de troubles mentaux se retrouvent partout ! Que ce soit dans l’accès à l’emploi, la recherche de logement, l’accès aux soins… Mais il y a plus grave encore, car ces personnes sont souvent les cibles de violences physiques ou verbales, y compris de la part de certains professionnels.
En France, 20% de la population est touchée par des troubles mentaux… Ce qui ne veut pas dire que ces 20% sont dangereux pour la société ! Certains troubles mentaux comme la dépression ou l’anxiété chronique semblent moins dangereux que la bipolarité ou la schizophrénie dans l’inconscient collectif.
Pour Fanny Jacq, psychiatre et directrice santé mentale de Qare et co-créatrice de Mon Sherpa, les troubles psychiatriques sévères comme la schizophrénie sont mal connus… Et on le sait, ce que l’on ne connaît pas bien peut faire peur… Ce n’est pas le cas de la dépression, qui est, en quelque sorte, devenue une maladie courante, surtout depuis la pandémie que nous venons de traverser…
Comment lutter contre la psychophobie ?
Pour faire changer les choses il va falloir nous rééduquer… Par exemple, quelqu’un qui est d’humeur changeante se verra offrir un « t’es bipolaire » ou quelqu’un qui ne fera pas les choix que l’on désire aura un « t’es schizo » … Un enfant qui ne sera pas d’accord avec un autre dira « tu es fou ou tu es folle » ? La dernière tendance étant de traiter quelqu’un « d’Alzheimer » lorsqu’il a oublié quelque chose !
Cela peut paraître anodin, mais la stigmatisation des maladies psychiatriques commence avec ses tics de langage. Ces termes médicaux sont entrés dans la vie quotidienne, sans que l’on en comprenne réellement le sens ni la définition.
Les médias jouent aussi un rôle dans la psychophobie, mettant en avant des méfaits commis par des schizophrènes par exemple… Mais combien de mêmes méfaits sont commis par des personnes sans aucun troubles psychiatriques ?
Et justement pour que les choses évoluent dans le bon sens, il faudrait peut-être que nos gouvernants commencent par arrêter de stigmatiser de la sorte ces personnes atteintes de troubles mentaux. Ont-ils un seul instant pensé qu’ils pouvaient choquer ceux qui étaient atteints de troubles mentaux. Appartenir à un groupe terroriste ou avoir des antécédents judiciaires est un choix de la personne… Être atteint de troubles mentaux est un fait dont personne n’est responsable… Honnêtement c’est une hérésie que de comparer un dépressif à un terroriste non ?